lundi 1 juin 2009

TRIP A VILLIANUR

Ce matin, pas de piscine ni de mer. Mais un petit voyage dans le temps, au temple de Sri Gokilambal Thirukameswarer à Villianur.
Je vous passerai les détails du voyage en scooter jusqu'à ce temple, distant d'une dizaine de kilomètre de Puducherry, car les conditions dans lesquelles je conduis le scooter méritent un post à elles seules. Sachez juste que sur mon chemin j'ai eu droit à tout. Les buffles, les chèvres, les chiens, les poules, les vaches, les enfants, les vélos, les bus...

Lorsque j'arrive devant le temple, le long des "trottoirs" de la rue principale, je découvre des chars énormes, haut de 15 mètres. Des ouvriers sont en train de les remettre en état car ils viennent de participer au défilé du Brahmot-savam, le festival annuel de Villianur qui se tient lors de la pleine lune du mois de Mai. Pas de chance, je l’ai raté. Quoique, assister aux dérèglements que provoque la ferveur quasi illuminée des hystériques participant aux cérémonies ne me tente guère. Jugez-en plutôt. Des milliers de participants se pressent dans les rues de cette minuscule cité pour assister au défilé des chars, rituel antique dédié à la déité célèbre (!) appelée Thirukamemswara Kukilambal (à vos souhaits).
La statue de ce Dieu est déposée sur un des chars qui sera ensuite tiré par des hommes tout au long des rues. Cela donne des scènes assez ubuesques car beaucoup d’entre eux se battent pour pouvoir tirer sur la corde, croyant dur comme fer que leurs souhaits seront accomplis s'ils y parviennent. Vous me direz que c’est assez comparable avec acheter un billet de loto. Ce qui est moins drôle, c’est que certains essayent de se jeter sous les roues des chars pour être écrasés par ceux-ci car alors, selon la tradition, ce sera toute la famille qui sera bénie. Et l’on voit des batailles entre le «martyr» et sa famille, celui-ci voulant se jeter sous les roues, celle-là voulant le retenir. Le loto finalement c'est comme les martyrs: tous les gagnants ont tenté leur chance!

Ce qu'il y avait d'original dans ce temple c'est qu'il y avait des tas d'animaux vivant dans son enceinte. Des paons, des cygnes, des daims... Malheureusement aujourd'hui, il ne reste que des oies, des jars et de nombreuses vaches. Elles ont une étable à elles, dans l'enceinte du temple, et un petit veau trop mignon. Lorsque des gardes s'approchent pour me dire que je ne peux rester à cause de la présence de Bonnie, je leur montre les autres animaux en leur disant : "My dog is a God's creature! Like these ones"! Et ils nous laissent alors déambuler toutes les deux tranquillement.



Pas si tranquillement que ça d'ailleurs car un des jars veut à tout prix faire la connaissance de Bonnie et me suit en sifflant jusqu'à ce que je rentre dans le périmètre du bassin sacré.




Là, tout n’est que calme et fraîcheur. Toute relative d'ailleurs car la température est étouffante en dehors des murs du temple.






Des enfants se baignent dans le bassin et plongent en faisant des cabrioles depuis le petit temple situé au milieu de l’eau.




Tout autour, sur les marches menant au bassin, des indiens contemplent les sâdhu procéder à leurs libations dans l’eau sacrée.
Un petit cours sur ce qu’est un sâdhu ? Si ça ne vous intéresse pas, ce que je peux parfaitement comprendre, rendez-vous à demain !
Les hindouistes considèrent que le but ultime de toute vie est la libération de l'illusion, l'arrêt du cycle des renaissances et la dissolution dans la fusion avec le divin. Et devinez quoi ? Cet objectif est rarement atteint au cours de la vie présente.
Le sâdhu, « homme de bien, saint homme », choisit de vivre une vie de sainteté pour accélérer ce processus, On considère généralement qu'ils forment 0,5 % de la population indienne, soit quand même quatre à cinq millions de personnes. Les sâdhu sont des « renonçants », ils coupent tout lien avec leur famille, ne possèdent rien ou peu de choses, s'habillant tout simplement d'un longhi, tunique de couleur blanche pour les vishnouites (photo ci-contre) ou jaune safran pour les shivaïtes, symbolisant la sainteté (photo en dessous). Ils n'ont pas de toit et passent leur vie à se déplacer sur les routes de l'Inde se nourrissant grâce aux dons des dévots.
Dans leur recherche d'absolu, les sâdhu pratiquent des tapas, récitations de mantras rituels magiques, contrôle du souffle, yoga unifiant le corps et l'âme, vœu de silence, méditation ou mortifications… La pratique des tapas est censée augmenter leur énergie spirituelle leur permettant d'atteindre un statut de presque-dieux. Pour couronner le tout, l'énergie sexuelle étant une source majeure de cette énergie spirituelle, l'abstinence permet donc de l'augmenter. Une question me titille l’esprit : l’Inde est connue pour être un pays d’une grande spiritualité, donc beaucoup devraient pratiquer l’abstinence. Alors ces faux-culs, ils font comment pour être plus de 1 148 000 000 habitants ?
Un grand nombre de sâdhu consomment rituellement du haschich, comme Shiva, Judicaëlle et Sébastien font, pour déchirer le voile de la maya. Et comme aux USA, la consommation est tolérée par l'État indien qui cependant prohibe cet usage dans sa loi.
Les sâdhu shivaïtes frottent leur corps avec des cendres, symboles de mort et de renaissance. À l'image de Shiva, ils portent leurs cheveux extrêmement longs.
Il leur arrive de s'affronter pour des problèmes de préséance, chacun prétendant à entrer les premiers dans l'eau sainte et la croyance veut qu’ils obtiennent certains pouvoirs comme la lévitation, l’invisibilité, la capacité de grandir, de vivre sans manger et de marcher sur l’eau. A Villaniur, ceux que je vois se lavent très prosaïquement dans une eau boueuse. Dommage…
Après m'être un peu reposée sur les marches du bassin, je continue à déambuler dans le labyrinthe des bâtiments.
Soudain, je suis devant l'entrée du sactuaire. Je dois laisser Bonnie dehors pour rentrer dans mon premier temple indien, noir de sainteté.
Et là, croyez moi, c’est une autre histoire…

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